BILLETS DE PHILIPPE MOUY

 Ça y est, l’été s’est installé. Autour de nous, que la nature est belle et que de personnes rayonnantes à l’aisance plus libre ! Une brèche s’ouvre en nous et notre regard se fait tout autre. « Le monde a la beauté du regard qu’on y pose » dit justement Yves Duteil. Apprendre à regarder, à écouter, à toucher, et pas seulement voir et entendre, mène loin. C’est le regard qui fait la beauté. Il s’empare d’un paysage, d’une œuvre d’art, d’une personne qui passe notre chemin.

Parcoursup offre aux lycéens une porte d’entrée dans l’enseignement supérieur. La Grèce et l’Espagne sont les portes d’entrée officielles en Europe pour les migrants, l’Italie venant de se claquemurer. Vous ne trouvez pas que dans les deux cas c’est le même combat ? Les lycéens comme les migrants sont scrutés à la loupe avant d’être éventuellement accueillis.

Cette semaine, nous entrons dans l’été. En chinois, le mot « été » se traduit par « le soleil s’arrête ». Alors que l’hiver est un arrêt glacé, un retour sur soi dans la solitude, l’été est un arrêt en haut, près du ciel. C’est la saison du cœur, de l’ouverture, où le soleil pose sur nous ses rayons lumineux. On touche du doigt quelque chose de l’esprit pour accueillir plus vaste que soi-même, comme la rose s’ouvre pour rien.

En ce mois de juin, quelle activité fébrile dans les jardins ! Joie pour ceux qui peuvent s’offrir ce travail. « Etre jardinier, c’est être comme le Bon Dieu, c’est donner vie et beauté avec de la terre, de l’eau et des graines » dit si joliment Jean Chalon.

Le matin, pourquoi nous n’entendons plus beaucoup le gazouillis des oiseaux ? Où sont-ils passés ? Comment vivre ce printemps sans leur voix ?

Le 18 mai, lors d’un déplacement dans le Parc national des Calanques, Nicolas Hulot a « sonné le tocsin » en lançant un plan d’action contre l’érosion de la diversité du vivant. L’homme est devenu « une arme de destruction massive » a-t-il déclaré en appelant à une « mobilisation générale ». Et il ajoutait : « L’heure de vérité est arrivée. Chacun doit prendre sa part de responsabilité ».

Autour de nous, combien de vieux dynamiques, infatigables, insatiables, qui nous époustouflent. On ne peut plus les enfermer dans une case. Bientôt ils représenteront un tiers de la population. Qu’on le veuille ou non, le vieux est l’avenir de l’homme !

Mai, nous y sommes. La sève monte dans les jeunes pousses. Depuis longtemps les jonquilles embellissent les prairies. Les grappes de bourgeons promettent de belles fleurs… « En mai, fais ce qu’il te plait ! » Voici donc le temps de nommer nos désirs, de définir et de faire mûrir des projets.

Comment imaginer qu’on ait pu créer en France une loi pour « délit de solidarité » ? Voilà l’état d’esprit de notre pays : on peut être conduit devant les tribunaux pour avoir porté secours à personne en danger. Bien sûr, on nous explique que cette loi visait à lutter contre les filières de passeurs qui font commerce de la misère. Il n’empêche, plusieurs personnes ont déjà été condamnées à de la prison avec sursis après avoir porté assistance à des migrants de façon désintéressée. Fort heureusement, un amendement vient de dépénaliser ce fait dans la nouvelle loi « asile-immigration » adoptée en première lecture le dimanche 22 avril.

À la veille de la fête du Travail, j’ai plaisir à évoquer la figure de Jean Deries, prêtre-ouvrier de la Mission de France, qui vient de nous quitter. La célébration d’adieu au Centre œcuménique Saint Marc à Grenoble vendredi 20 avril dernier a pris son temps pour que chacun mesure la richesse de son engagement. De nombreux témoignages ont permis à beaucoup de découvrir les multiples facettes de la personnalité et de l’action de Jean.

Ce sont toujours des histoires d’héritage qui mettent la dispute dans les familles. Une belle illustration nous en est fournie depuis le décès de notre chanteur national. Voilà ce que produit le système américain fondé sur le libre choix. Mais croyez-vous que le système français soit meilleur ?