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C’est fort un regard

Posté le 18/06/2018

Cette semaine, nous entrons dans l’été. En chinois, le mot « été » se traduit par « le soleil s’arrête ». Alors que l’hiver est un arrêt glacé, un retour sur soi dans la solitude, l’été est un arrêt en haut, près du ciel. C’est la saison du cœur, de l’ouverture, où le soleil pose sur nous ses rayons lumineux. On touche du doigt quelque chose de l’esprit pour accueillir plus vaste que soi-même, comme la rose s’ouvre pour rien.

Et nous, tout au long de cet été, quel regard allons-nous porter sur les autres ? Car tous les regards ne sont pas nécessairement lumineux. Il est des regards qui servent la vie, d’autres qui nous asservissent ; certains relèvent, d’autres écrasent ; certains réchauffent, d’autres glacent. C’est fort un regard. Il a un pouvoir redoutable. On peut regarder par « le petit bout de la lorgnette », tout examiner avec méfiance, malveillance ou même mépris, sous le légitime prétexte qu’il convient d’être prudent.

Jésus ne s’y trompe pas quand il nous avertit : « La lampe de ton corps, c’est ton œil. Si donc ton œil est sain, ton corps tout entier sera dans la lumière… » (Mt 6, 22). Dans l’évangile, on découvre son regard d’amour, un regard qui fait vivre, qui relance celui qui est inquiet ou exclus. Il est venu nous apprendre à regarder à la manière de Dieu, c’est-à-dire avec bienveillance. La bienveillance n’est ni la complicité ni la cécité. C’est l’art de voir ce qui est promesse, grâce et beauté. Elle encourage, soutient et stimule, alors même qu’elle ne se laisse pas abuser.

Le regard bienveillant est du côté de l’amour. Il nous fait pressentir le secret d’une vie, percevoir le souffle divin. Et il peut éveiller en nous une envie de communion, une envie de faire un monde commun. Le regard bienveillant est « une fleur aussi belle que fragile ». Acceptons donc d’être fragilisés et l’été sera beau pour tout le monde.