En ce mois de juin, quelle activité fébrile dans les jardins ! Joie pour ceux qui peuvent s’offrir ce travail. « Etre jardinier, c’est être comme le Bon Dieu, c’est donner vie et beauté avec de la terre, de l’eau et des graines » dit si joliment Jean Chalon.

Mais cela ne va pas sans peine. Il faut de l’ardeur, de la ténacité et de la patience ; sans compter que la moitié du travail se fait courbé ou à genoux. Dans cette activité, on fait aussi l’apprentissage du temps qu’il fait, composant avec la pluie, le vent et le soleil et l’apprentissage du temps qui passe, en s’adaptant au cycle des saisons.

Le jardinier est une belle métaphore de notre métier d’homme. S’il y a du désordre dans le jardin, c’est qu’il n’y a pas de jardinier. Et si nous transposions l’image ? S’il y a du désordre dans le monde, c’est qu’il n’y aurait pas d’hommes politiques vraiment responsables ? Est-ce aussi simple que cela ?

Dans un jardin, on voit bien comment les choses se passent. Tout cède devant le jardinier. Il a son plan de travail et soumet tout à sa volonté. La terre se laisse faire, les herbes se plient et disparaissent sous sa main, les plants grandissent le long du tuteur et les fleurs sont belles.

Mais le monde est un tout autre espace de liberté. Chaque être humain a sa propre idée pour mener sa vie : il peut marcher sur les plates-bandes où quelqu’un a semé, il peut arracher là où quelqu’un a planté, il peut pousser de travers là on l’on a fixé des tuteurs.

Si le monde n’est pas un jardin et si nous ne sommes pas toujours des jardiniers, il faut bien cependant que l’humanité puisse grandir et donner à chacun de quoi nourrir sa vie. Alors, je me mets à rêver que nous sommes tous appelés à sortir de notre petit enclos et à entrer en alliance dans le grand jardin du monde. Pour aller de l’avant, l’histoire de l’humanité n’est-elle pas le fruit de ces élans d’une dynamique relationnelle ? Dieu s’y est risqué et il nous y entraîne : une logique qui nous met au travail.